La Seconde Guerre Mondiale dans nos villages, Saint-Piat et Mévoisins

La vie locale et les événements principaux survenus au cours de le seconde Guerre Mondiale ont été évoqués à travers des documents, témoignages et illustrations recueilles dans la brochure n°31. Elle a été éditée en 2019 pour célébrer les commémorations des quatre-vingts ans du début de la guerre 1939-1945 et des soixante-quinze ans de l’Armistice du 8 mai 1945.

Juin 1940 : L’exode, Arrivée des Allemands

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Les témoignages de plusieurs familles illustrent les conditions particulièrement difficiles dans lesquelles les habitants de nos villages ont fui leurs domiciles dans les jours qui précédaient l’arrivée des soldats allemands.
Celle-ci s’est avérée dramatique pour les soldats français en charge de stopper l’invasion. Une partie d’un régiment de tirailleurs sénégalais est fauchée dans la plaine entre Saint-Piat et Chartainvilliers. 90 d’entre eux y laisseront la vie, dont le lieutenant Robert Dolzy.

Lt Robert DOLZY

Les prisonniers de guerre français

Au cours de la campagne de France en 1940, 10 habitants de Mévoisins et 5 de Saint-Piat furent faits prisonniers et dispersés dans des stalags pour effectuer des travaux à caractère agricole ou industriel.

L’Installation des Allemands (juin 1940)

De nombreuses résidences furent réquisitionnées pour loger la troupe et les officiers. Des ateliers de réparation de campagne furent installés à l’emplacement de l’actuelle salle des fêtes à Saint-piat et sur l’ancienne propriété de Collin d’Harleville à Mévoisins. A Grogneul, le château fut un lieu stratégique pour les Allemands qui pouvaient y dominer la vallée, sa rivière et son chemin de fer.
Un poste de DCA (Défense Conte Avion) composé de deux batteries fut installé à Mévoisins au lieu-dit « Les bouquets », dans un bosquet sur le chemin de Yermenonville.

La vie des villages sous l’occupation

Les fermes ont poursuivi leurs activités agricoles, mais les hommes furent parfois mobilisés pour des travaux notamment sur l’aérodrome de Chartres. Les caves étaient destinées à servir d’abri en cas de bombardement. La présence d’Allemands chez certains habitants leur interdisait l’écoute de Radio Londres. Les visites aux voisins qui ne subissaient pas cette contrainte étaient fréquentes.
Même à la campagne, les habitants subissaient le rationnement alimentaire : on pouvait trouver l’essentiel, mais servi proportionnellement à la taille de la famille. La disponibilité de farine au moulin de Saint-Piat permettait d’améliorer l’ordinaire.
Fin 1942, les nazis instituèrent le STO (Service du travail obligatoire) et réquisitionnérent de jeunes français pour travailler en Allemagne ; parmi eux, Jacques Poitrimolt, Michel Jousselin, Raymond Ribault et Robert Ducasse.

Les bombardements de 1944

-En mai 1944, le dépôt de munitions dans l’une des prairies de la ferme de la Folie fut bombardé. Des explosions se produisirent en pleine nuit et les éclats atteignirent Saint-Piat : carreaux cassés, volets arrachés, début d’incendie près des maisons. Le souffle alla jusqu’aux premières maisons de Soulaires. Les routes entre Saint-Piat et Maintenon étaient fortement endommagées.
Le 24 juin à 7h 30,  bruits et éclatements énormes sur Mévoisins : 4 bombes qui visaient des camions chargés de munitions et stationnés dans le bas de la rue Collin d’Harleville explosèrent sans faire de victimes mais provoquèrent de lourds dégâts sur les maisons du voisinage.
– Le viaduc de Maingournois fut bombardé par l’aviation alliée pour couper la circulation des trains de l’occupant allemand. En juillet 1944 des avions Mosquitos lâchèrent leurs bombes : 22 arches sur 30 furent détruites ou endommagées.
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-Le 3 Août 1944 : Bombardement du dépôt de munition de Maintenon vers 16h00. 60 bombes, 8 tués et 42 blessés. Les bombes s’étalaient sur une longueur de 3 km

La Résistance

Beaucoup de personnes se sont illustrées dans le département par leurs actions et leur courage, pour certaines au prix de leur vie. A commencer par Jean Moulin.
A la mi-1943 débutent les sabotages des installations ferroviaires. Des nombreux trains quotidiens assurent les transferts de troupes ou le transport de munitions.
Les résistants provoquent des déraillements ou des destructions de lignes électriques à haute tension qui alimentent les trains. Il faut évoquer la destruction des voies au pont du Breuil entre Jouy et Saint-Piat dès le 3 août 1943. Le 22 octobre, 3 pylônes sont dynamités au pont de Soulaires à Jouy. Ensuite c’est le sabotage du 18 février 1944 , jour où la gare de Maintenon fut entièrement détruite par l’explosion d’un train de munitions.
Sur le département, 26 attentats sont recensés entre mai et décembre 1943. L’occupant réagit violemment et fait arrêter 140 personnes fin 1943. Parmi elles, 31 seront condamnées à mort après un simulacre de procès, fusillées au Mont Valérien le 30 mars 1944.
Raymond et Yvonne Vauvillier, de Saint-Piat ont notamment hébergé 33 aviateurs, détruit des véhicules et incendié des dépôts d’essence.
D’autres résistants actifs, comme Mme Gabrielle Blondelle, Marcel Binet, Maurice Roger, René Bigot, furent capturés et moururent en déportation.

La libération de Saint-Piat : août 1944

Le 16 août, l’essentiel des troupes allemandes se replia et traversa Saint-Piat. Dans la journée, des éclaireurs américains avec 2 véhicules blindés armés firent le tour de la place Vauvillier, Robert Poisson, Raymond Vauvillier et Albert Ledoux furent tués en tentant de libérer les dernières maisons encore occupées.
Le 17 août 1944, la 7ème Division Blindée américaine a investi Saint-Piat et Chartainvilliers. Nos villages furent libérés !

Quelques dates de la libération en Eure-et-Loir, en 1944

-16 août, Dreux est libérée par la 5ème Division,
16 et 17 août, les villages de Chartainvilliers, Saint-Piat, Mévoisins et d’autres autour sont libérés par la 7ème Division,
– 17 août, libération totale de Châteaudun,
– 19 août, Chartres et tout le département d’Eure-et-Loir totalement libérés.
– 23 août, le Général de Gaulle prononce un discours à Chartres

Après la guerre,

Le retour des prisonniers de guerre. Après leur retour individuel de captivité, l’attitude et le ressenti de ces hommes furent très variables. La population libérée depuis neuf mois ne leur accorda pas les honneurs comme elle l’avait fait aux résistants et aux engagés de la Libération. Ils étaient les vaincus des premières batailles d’une guerre mal préparée. Ils en gardaient une certaine culpabilité bien qu’ils n’aient pas démérité. Leur réadaptation à la vie civile après six ans de parenthèse s’avéra délicate pour beaucoup.

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Vous pouvez retrouver de plus amples informations dans la brochure de l’association n°31.
Une part importante de la brochure est consacrée à l’évocation de la vie et des actes des héros de nos villages pendant cette période particulièrement douloureuse.