Les origines de Mévoisins remontent certainement au Néolithique, comme pour les villages des alentours qui possèdent quelques mégalithes pour en témoigner. Ce n’est pas le cas pour Mévoisins, mais il existe un dolmen, la « Pierre Frite », à une centaine de mètres de la limite du village, en direction de Yermenonville. Cependant, la commune a érigé son propre menhir en 2000, pour marquer l’arrivée du nouveau siècle et ainsi ajouter ainsi un élément patrimonial original.
On dispose à ce jour de très peu d’indice historiques sur Mévoisins antérieurs aux années 1200. Cela s’explique en partie par le nombre réduit d’érudits qui se sont attachés à cette recherche précise, et en raison de la nature des archives principalement diocésaines liées au rôle ancien de Mévoisins. Elles sont moins accessibles que les archives départementales et souvent rédigées en latin. En 2022, le lancement des travaux de restauration du clocher de l’église de Mévoisins a présenté une opportunité pour relancer de nouvelles investigations sur ce monument. Celui-ci a été longtemps sous la coupe du Chapitre de Chartres, à la différence des autres hameaux de Mévoisins : Chimay, Marcilly et Ligaudry qui étaient des fiefs de seigneurs locaux.
Ainsi, le bourg de Mévoisins a été régi par les chanoines de Chartres, réunis en un chapitre missionné pour assurer le support matériel et spirituel de la cathédrale. Ce chapitre possédait de nombreuses terres et biens de rapport sur lesquels, à l’équivalent des seigneurs, il exerçait le droit de justice et la levée d’impôts. Mévoisins était le chef-lieu d’une prêtrière, qui regroupait des enclaves situées à Yermenonville, Boigneville et Houx, notamment. (Gallica dictionnaire topologique E&L)).
L’origine de cette répartition des terres entre seigneurs et Chapitre n’est pas connue pour Mévoisins, mais on peut penser qu’elle est contemporaine de celle de Drouet sur Drouette qui fut établie en 788.
Avant le XIIIe siècle
Pour Mévoisins, l’information la plus lointaine recueillie à ce jour remonte à 1209. (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/Chartres-N-D/0191 De acquisitione Philippi Morehier apud Menvoisin, tribus anniversariis.). Beaucoup de documents de cette époque et jusqu’au XVIe siècle évoquent des montants de redevances, des baux, des legs ou des testaments.
A travers les textes, on constate l’évolution du nom de Mevoisins au fil des siècles : Menvesin en 1209, Meinvoisin 1250, Manevicinum, Medius vicini 1300, Mevoisin 1736. L’étymologie du nom varie selon les experts en toponymie. Les tentatives de traduction dérivées du latin conduisent à « grand village », « village du centre », ou encore « mansus vicini », hameau ou ferme du voisin, sans que ces interprétations correspondent à une réalité locale. La Société Archéologique d’Eure et Loir a consacré à ce sujet un mémoire sur les noms de lieux en «voisin», comme Le Vesinet, Voisin le Bretonneux, Talvoisin (hameau d’Ymeray)…, dérivés du terme germain « weiss », qui signifie « zone humide ». Pour Mévoisns, le préfixe men, mein, ou mé, apporte une note péjorative, voir négative, qui autoriserait l’interprétation de «mauvaise terre humide», plausible compte tenu de la présence de marécages, et donc de maladies, sur la rive droite de l’Eure.
Sur la carte ci-dessous, on note la présence des trois fiefs sur le territoire de l’actuel Mévoisins. Chimé (bordure orange) ne comprenait que la partie de l’actuel Chimay comprise entre la rue de Chimay (D19.2) et l’Eure. Marcilly (bordure verte) regroupait les terres et maisons à l’est de la rue de Chimay, à l’exception de Ligaudry qui ne comportait que quelques maisons à l’extrémité de l’actuelle rue des Vaudruelles.
Plan de Mévoisins et ses hameaux (vers 1690)
Quelques noms et anecdotes ressortent des investigations effectuées à ce jour jusqu’au XVIIe siècle, sans que l’on puisse connaitre la position sociale des personnes mentionnées ou établir une continuité temporelle pour comprendre l’histoire de Mévoisins sur cette période, sous la coupe du Chapitre de Chartres :
On peut citer Hildié de Mévoisins (1138), Gauthier de Mévoisins (1260), Nicolas et Colin de Mévoisins-fils de Gauthier (1281), Geoffroy de Mévoisins-fils de Nicolas (1308), Guillaume de Mévoisins (vendeur du château de Grogneul ?)(1334).
XIVe au XVIe siècle
En 1309, Raoul de Chevry, doyen au chapitre de Chartres, achète la prêtrière de Mévoisins et la revend en 1326.
Autres noms et événements : Pierre de Mévoisins (1380), Jean de Mévoisins (1391). En 1403, le curé de Mévoisins est accusé de concubinage. Pierre Le Maire vend la censive de la seigneurie de Ligaudry à Jean de Ligny II, seigneur de Grogneul en 1601. Charlotte Séguier, veuve de Jean de Ligny II achète la seigneurie de Changé en 1620, puis celles du Marais et de Marcilly en 1628.
La dépendance de Mévoisins au Chapitre de Chartres l’a sans doute écarté des appétits guerriers des seigneurs de la région et cela expliquerait une apparente stabilité et absence d’événements consignés.
Quelques éléments de constructions autour de l’église témoignent de l’importance de la prêtrière. Certaines caves de très grand volume étaient destinées à la conservation des denrées et des boissons. La maison du 20 rue de la République, certainement ancien presbytère, possède une cave de 28m de long, creusée 6m sous terre. (Elle a servi d’abri pendant les bombardements de la guerre 39-45). Ces dimensions impressionnantes permettaient le stockage de tonneaux logés dans des alvéoles latérales et acheminés par une pente douce donnant sur la rue. Par leurs volumes inhabituels, au moins deux autres caves, l’une derrière le restaurant de l’Arbre de la Liberté et l’autre dans le haut de la rue Collin d’Harleville pouvaient avoir la même destination. Voir Brochure n°34.
XVIIe et XVIIIe siècle
La rivière de Jouy
En bleu, le tracé de la rivière de Jouy sur la commune de Mévoisins.
Lors de la construction de l’aqueduc de Maintenon, le transport des matériaux de construction vers le chantier de l’aqueduc fait l’objet d’un dispositif particulier. On ouvre des carrières dans la région. Vauban et Louvois songent à la voie d’eau pour expédier les pierres. Pour cela, l’Eure est canalisée entre Maintenon et Nogent-le-Roi. La Voise et la Drouette le sont également, partiellement.
La Voise, qui arrose Gallardon, a un débit « trop languissant ». Aussi Vauban la suralimente-t-il avec une partie de l’eau de l’Eure prélevée en amont de Maintenon, aux Moulins-Neufs, entre Saint-Prest et Jouy, et emmenée de là par un petit canal à flanc de coteau, que Louvois nomme « rivière de Jouy ». Cette rigole, réalisée en 1686 suit sa courbe de niveau jusqu’au confluent de la Voise, et « remonte » alors la vallée de celle-ci pour se déverser à Bouglainval, du côté de Bailleau-Armenonville. Ainsi canalisée et soutenue, la Voise est navigable à partir de Gallardon. (Sources : DRAC Orléans E.Antuña, Jacques Bresson « La rivière de Jouy »)
Cette « rivière » d’environ 2m de large traversait Mévoisins, empruntait une partie de l’actuelle rue de la république et passait devant l’église. Le 26 juin 1686, la rivière a débordé et a entrainé l’inondation du cimetière.
Quelques vestiges de ce canal subsistent près du Moulin du Breuil et au nord de Mévoisins.
La butte au canon
Un des lieux-dits au nord-est de Mévoisins tient son nom de l’emplacement du campement d’un régiment chargé de la sécurité et du terrassement lors de la construction de l’aqueduc. 10 à 20.000 ouvriers et soldats travaillaient à la construction de cet ouvrage. La présence des canons pouvait être dissuasive.
La femme empoisonneuse brulée à Maintenon
En juin 1769, Madeleine Blet, habitante de Mévoisins âgée de 25 ans, subit un mariage forcé. Après de multiples querelles avec son mari, elle décide de l’empoisonner. L’arsenic dans la soupe ne devait pas être convenablement dosé car son mari survit au traitement. Elle tente alors de se suicider, mais se manque. Le village alerté prévient les autorités qui ont tôt fait de la condamner à la torture pour qu’elle livre ses éventuelles complicités, et au bucher. L’exécution de la peine a lieu le 3 février 1770 à Maintenon dans des conditions horribles qui émeuvent la population. Une « complainte » fut organisée dans la région pour l’abolition de ces pratiques. Ce fut fait en 1788.
La Révolution
Cette période n’a pas bouleversé le village. La vente des biens nationaux a provoqué des changements de propriétés sans modifier la vie locale essentiellement rurale. Le seul témoin vivant de cette époque est l’arbre de la liberté. Son tilleul situé à proximité de l’église s’impose par l’ampleur de ses ramures. Seulement quelques dizaines d’arbres de la liberté subsistent aujourd’hui.
L’arbre de la Liberté de Mévoisins.
Après le Révolution
Dés 1804, le Conseil Municipal est élu. Les délibérations sont enregistrées sur un cahier de feuilles de papier assimilable à du parchemin, rédigé à la plume avec de l’encre violette, protégé par une couverture de cuir.
La lecture des registres donne accès à l’histoire détaillée de Mévoisins. On suit les évolutions
-de la protection sociale, de la sécurité locale avec la nomination du garde champêtre et des pompiers.
-de l’organisation des fêtes, les constructions de édifices publics : mairie, école, lavoir, mares, l’entretien de l’église.
-dans les années 1950, de l’arrivée de l’eau courante et de l’électricité.
L’arrivée du train en 1842 et la création de la halte de Saint-Piat ont été des étapes importantes dans l’évolution de la population et des commerces locaux. (voir brochure n°17 « L’arrivée du train à Saint-Piat »).